La capitalisation de Tesla, 23ème constructeur automobile mondial qui ne produisit que 500 000 véhicules en 2020, est passée de 372 à 761 milliards de dollars entre le 1er novembre 2020 et le 31 janvier 2021, soit la capitalisation cumulée des neufs plus gros constructeurs automobiles mondiaux ! C’est colossal, monumental et incommensurable car + 389 milliards de dollars c’est quasi le PIB annuel cumulé des 25 pays les plus pauvres du monde, estimé à 400 milliards de dollars par le FMI.
Comment une telle vague, quasi un tsunami de croissance boursière, a-t-elle pu se produire ? Quelle place a joué le leadership d’Elon Musk, ce Poséidon des marchés, dans la génération de cette lame de fond(s) ? Et surtout, comment pourrait-on s’en inspirer dans les comités de direction ? Tel est l’objet de cette analyse conduite sur un banc public.
La vague du trader ou du surfeur
Pour trouver les réponses, j’ai sollicité mon amie Athéna qui, rappelons-le, aida surement le CEO de Philip Morris à rêver d’un Smoke Free World. Cette femme, libre comme un oiseau et née sous le signe du poisson, me dit : "Ludo, j’ai une intuition à ce sujet ! retrouve moi… là où tu sais". Le "là où tu sais" est un jardin public parisien, mais plutôt secret, au cœur du Marais (que je partagerai aux intéressés en MP). On aime s’y retrouver pour boire le thé (de mon thermos) sur un banc public isolé. Après un rapide namasté, elle me montre le graphique de Tesla en me regardant de ses yeux qui vous crucifient et vous ressuscitent à la fois. Elle déclare : "Oh My God, Tesla a inventé la machine à vague éternelle. Cette vague mythique des surfeurs est devenue une réalité chez les traders".
Oui, car notre hobby secret est d’observer, côte à côte sur ce banc public, les cotes d’actions américaines surperformant leur index ! Nous trouvons de la poésie à l’écume de ces vagues sinusoïdales de cours boursiers ascendants portées par la confiance de centaines de fonds d’investissement. Certain.es économistes déplorent "l'exubérance irrationnelle" des marchés, quand nous aimons cette machine à bulles financières qui … pope certes de temps en temps.
C’est Johann Nouveau, du nouveau fonds 3-5-7 fondé avec le sentimental Vincent Igual, qui nous a appris à observer leur comportement fluctuant. Johann, surfeur de vagues sur le marché action, nous a montré que les ascensions nettes sont toujours suivies de phases de respiration. Quand des surfeurs scrutent l’horizon Atlantique, Johann scrute avec discernement le comportement des actions d’outre-Atlantique. Quand il en trouve certaines qui augmentent leurs revenus et leurs résultats, il les met dans son radar à acquisition. Toujours comme un surfeur, il ne veut pas rater le départ : "plutôt anticiper que d’arriver trop tard" dit-il. Oui, il faut viser le creux de la vague, là où la force des acheteurs est croissante, et sortir avant la redescente. Et si la météo tourne casaque, il stoppe ses losses, limite son exposition et attend de meilleures conditions.
L'équanimité, une valeur sous-côtée ?
Ce monde déplait à beaucoup de monde qui aimerait voir advenir l’équanimité sur les marchés, une sorte de frugalité émotionnelle avec des rendement réguliers comme dans l’immobilier. Les spéculateurs fonciers qui ne dédaignent pas le yoga et le bouddhisme avancent des arguments : quasi 0% de taux d’intérêt pour les salariés les plus protégés, un effet de levier jusqu’à 100%, 0% de plus-value sur les RP. Mais l’équanimité n’est pas une valeur très cotée sur les marchés : on lui préfère « les vagues ascensionnelles semblables à des vagues hawaïennes » dixit un analyste financier américain.
Sur notre banc public, nous cherchons les raisons de cet engouement historique. "Peut-être y-a-t-il un effet MUSK, du nom de cette effluve de certains déodorants censés rendre les hommes irrésistiblement attirants" reprend mon amie Athéna en rigolant. Moi j’enchaine avec une hypothèse spirituelle : "Ou Elon est un nouveau prophète, venu de Mars et qui aspire à nous satelliser quand il fume le soir son calumet. Cet homme que j’affectionne nous prédit que dans cinq ans on pourra se comprendre sans même se parler, à condition qu’on lui laisse ouvrir nos boites crâniennes ! Ou alors, pour attirer les fonds, il susurre aux analystes des cantiques mathématiques, comme à son fils X Æ A-12 le soir en l’endormant". Athéna ouvre une perspective out of the box, quasi freudienne : "ou bien c’est l’effet Tesla qui répond au double objet du désir des acheteurs : plaire à leur SURMOI car elles ne polluent pas, et à leurs ÇA quand elles laissent loin derrière les voitures de sport d’hier".
Sans bouger, on tourne en rond dans nos explications alors Athéna me dit :
« Tu sais, quand Jacques Chirac déclara un jour « les emmerdes volent en escadrille », il oublia d’ajouter que le bonheur vient par vagues. Une vague d’encouragements augmente toujours l’engagement. Une ola de supporters donne un avantage à ses bénéficiaires. Recevoir une vague de feed-back positifs vous propulsera toujours plus haut, même si vous êtes au bout du rouleau. Des félicitations reçues empliront tout cœur d’une vague de chaleur. En résumé, nous avons toujours la possibilité de générer et de partager des vagues de félicité avec nos congénères. Joseph Campbell avec son « follow your bliss », promettait même que cela nous porterait et nous ouvrirait des portes insoupçonnées. Mon hypothèse de coach exubérante mais pas forcement irrationnelle c’est que le Board de Tesla a peut-être généré en son sein des vagues de bonté."
Frère ou soeur de sang
Début novembre 2020, Elon savait que Tesla intégrait le S&P 500 et que son earning per share (EPS) passerait de 0,03 à 2,24$ par action. Il déclara peut-être : "Entrer dans le S&P 500 attirera des fonds, et même si 2,24$ pour une action à 400 $ c’est peanuts, c’est la première fois de notre vie qu’on est profitable ! La question est de savoir comment entretenir le momentum. Si nous générons des vagues de bonté au sein de notre comité, nous créerons une vague boursière sur les marchés."
Je propose que chaque semaine nous nous mettions tous au service exclusif de l’un d’entre-nous ! Nous ferons en sorte que SON objectif devienne le NÔTRE. Nous le/la servirons comme on n’a jamais servi personne dans notre vie. Nous l’encouragerons avec des "OUI, c’est possible, vas-y, bravo, tu es la plus belle ou le plus beau, et pourquoi pas, je t’aime » ! On lui fera une confiance aveugle comme avec un frère ou une sœur de sang ou de cœur, on l’aidera comme on aide nos enfants et nos parents. On fera tout ce qui est en notre pouvoir pour son bon vouloir. On lancera pour elle ou lui une ola qui la/le portera, on mettra de côté nos rivalités pour se réjouir de son succès qu’on aura aidé. On lui donnera sept jours d’amour infini dont il/elle se souviendra toute sa vie. Ses succès, on les médiatisera et le marché n’en reviendra pas et il s’emballera de peur de rater la hausse ! Si on se débrouille bien, on aura 5, 6, … 12 semaines d’ascension pour atteindre un plateau assez haut pour que les fonds hésitent à jamais à se retirer. On y va car c’est maintenant ou jamais."
Face à cette hypothèses originale les sceptiques resteront vraisemblablement dans leurs fosses du même nom mais des pragmatiques tenteront peut-être de générer ces vagues de bonté pour les surfer avec célérité.
Sentimentalement vôtre
Crédit photo : © Daniel Oberhaus (2018) creative commons
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