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Photo du rédacteurLudovic Herman

ESG ou pourquoi Justin et Hailey Bieber pourraient se convertir à la CSRD



© Wiki Common

En amour, comme en affaires, avoir la foi aide à réussir. La spiritualité joue un rôle clé, souvent insoupçonné, dans les succès. Pour un dirigeant, choisir une «religion» pour faire réussir son entreprise est toujours un choix important. Dans nos vies personnelles, ce choix renvoie à celui de la religion qu’on transmet (ou non) à nos enfants. Quelle morale, quels principes, quels rituels choisissons-nous de leur inculquer pour leur bien.

Alors, quand Justin et Hailey Bieber, ce couple mythique habillé par Dior quand ils vont à la plage et qui se sont faits baptiser ensemble il y a quatre ans, annoncent qu’ils attendent un bébé, leurs millions d'abonnés se demandent dans quelle religion ils vont l’éduquer. Rien d’évident, car si leur passion est consubstantielle à leur spiritualité, la ferveur religieuse de la famille maternelle Baldwin est difficile à porter. Les parents de Hailey ont eu de telles «révélations», que Stephen, son père acteur, ex-accro à la cocaïne sauvé par la foi, a même créé un «ministère» pour évangéliser. Il incite aussi les fans à prier pour sauver le couple de Justin & Hailey !

J’en étais là quand j’eus moi-même une révélation : ce couple d’entrepreneurs sentimentaux pourrait bien innover et embrasser La dernière religion en matière d’ESG (Environnement, Social et Gouvernance) : la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive). S’ils contactaient un apôtre de la CSRD, voici l’échange qui pourrait en résulter.

- Bonjour, clament Justin et Hailey Bieber. Nous allons avoir un enfant star et nous voudrions qu’il contribue à éclairer l’humanité, un peu comme un messie, vous voyez. Est-ce que votre religion pourrait l’y aider ?

- Enchanté, oui, c’est notre objectif, répond l’apôtre. Aujourd’hui nous sommes surtout une obligation, mais comme une religion nous avons une ambition d’expansion. Opérez-vous sur le continent européen ?

- Oui, nous sommes «a global company» et notre futur bébé aussi. Avez-vous l’équivalent d’une bible, d’une doctrine ?

- Oui, la CSRD c’est 800 pages en anglais et notre spiritualité s’incarne dans la double matérialité, réplique l’apôtre. Ça rime, c’est simple à énoncer mais pas coton à expliquer.

- Mazette, pouvez-vous essayer ?

- Les non croyants nous réduisent à notre rituel : l’obligation pour 50 000 entreprises opérant dans l’Union européenne d’un reporting annuel avec jusqu’à 1000 KPI sur 12 sections. Nous sommes exhaustifs : décarbonation, dépollution, circularisation,… On va même dans le détail avec des projections à 5 ans, des matrices à double matérialité. Ce n’est plus l’ESG où chacun mettait en avant son plus beau profil, c’est une radio panoramique en 3D. Il faudra tout «reporter», avec des KPI, des euros, sinon on devra se justifier. La CSRD c’est LE reporting exhaustif de la durabilité.

-  Ah oui quand même ! s’exclament Justin et Hailey. Mais pourquoi les obliger, vous n’avez pas confiance dans leur responsabilité ?

- Pas tellement, on croit surtout dans… le contrôle de gestion, avec ses obligations de prévisions, justifications, anticipations, financiarisation et provisions.

- Certes, mais pourquoi préférer l’obligation à l’adhésion consentie ? On aime le consentement dans notre relation.

- Parce que nous croyons que la motivation ESG des entreprises est liée à leur réputation, pas à leur conscience ! Avec la CSRD on va organiser la compétition, l’émulation entre les entreprises sur leur réputation. Avec ce kilo de KPI on va pouvoir systématiser les comparaisons, différentier le bon grain de l’ivraie. Pour les récalcitrants, on sera, à terme, sans pitié, car on pourra industrialiser le Name and Shame ! Avec la CSRD, si vous louvoyez, vous pourrez être pointés du doigt. De mauvaises data feront de vous un paria. Virtuellement bien sûr, car nous ne sommes pas dans l’inquisition ni l’épuration à la libération. C’est dur de menacer de clouer au pilori en place publique une ETI, mais c’est pour notre bien, comme dirait Alice Miller car vous comprenez 2050 c’est demain.

- Le Name and Shame ! répètent Justin et Hailey, mais on est déjà harcelé par les fans de Selena Gomez on ne veut pas de cela pour notre enfant !

- No worries, tempère l’apôtre. Tant que vous serez bon en CSRD, vous pourrez vous en targuer, il y aura des palmarès. Un véritable clergé de consultants CSRD vous aideront à vous améliorer on leur donne même un visa pour les repérer.

- Pardon, ajoute Hailey, mais est-ce que cela va faire reculer les attouchements sexuels comme ceux dont a été victime enfant la mère de Justin ? Et les addictions de mon père ? Et nous qui nous sentons lonely, cela nous aidera-t-il à nous sentir moins seuls au travail ? Et la sentimentalité que Justin clame en concert, comment allez-vous la monétiser ? Combien ça «impacte» le don de soi, le sacrifice, la compassion, l’empathie, les sentiments, le désintéressement, bref toute cette huile dans les rouages qui fait la performance des entreprises, qui nourrit l’engagement et qu’on aimerait bien inculquer à notre enfant ?

- Attention, là on parle du facteur sentimentalité, assure l’apôtre. On l’observe quand des dirigeants travaillent sur leur Legacy, la trace qu’ils laisseront ou quand ils sont aussi motivés par l’être que l’avoir, honnêtement on a du mal à le mettre en équation dans notre religion. On verra plus tard, sinon allez voir l’Entreprise Sentimentale, ils en ont fait leur spécialité. 



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