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Photo du rédacteurLudovic Herman

Taylor Swift, ou quand ses superprofits rencontrent la décence de Michelin

« My tailor is rich » (« Mon tailleur est riche ») constituent les premiers mots célèbres de la

méthode Assimil d'apprentissage de l’anglais. My Taylor (Swift) is mega rich pourrait-on dire aujourd’hui. La superstar, capable de faire trembler la terre pendant ses concerts

et de faire voter des jeunes désabusés aux élections, est devenue milliardaire grâce

à ses chansons.


Félicitations, car si chaque entreprise fait des profits pour subsister, certaines,

comme Taylor Swift arrivent à faire des super profits en nous enchantant. Or,

contrairement à Taylor, les entreprises super profitables attirent plus de soupçons

que de félicitations : quand elles périclitent on les accuse de mauvaise gestion mais

quand elles cartonnent, on les soupçonne d’abuser de la situation.


Amalgamer extraordinaire succès avec iniquité est fréquent. Le doute qui planait

sur leur probité, leur moralité s’immisce : elles en auraient profité, abusé… qui plus

est en toute légalité. Leur profit, s’il n’est pas illégal, serait pour le moins anormal.

Elles auraient transformé un succès flagrant en un résultat indécent.


Or, en amour comme en affaire, la décence est sacralisée. Ce concept, bien

connu dans les vies sentimentales, est précisément l’antonyme de choquant,

impudique, obscène. Pour juger l’entreprise, loin de faire appel à la loi, c’est à la

moralité que l’on pourrait se référer. Toutefois, décence et indécence restent des

notions très subjectives, qui dépendent souvent de quel côté on se place pour les

apprécier ! La décence quand on la rencontre vous fait croire en l’espèce humaine.

Inversement, l’indécence vous révulse.


Taylor Swift en était certainement là dans sa réflexion il y a quelques mois quand

elle réalisa que 2023 serait sa best year ever ! Elle se dit aussi qu’en 2024 elle

viendrait à Paris, à l’Accor Arena et non à l’Olympia comme la dernière fois, cette

salle de concert so cute mais tellement riquiqui.


Elle se demanda aussi si son petit ami Travis Kelce, qu’elle aime à la folie,

atteindrait aussi le goal de sa vie : celui de gagner le super Ball, le Graal des joueurs

de la NFL. S’il arrivait en finale, elle lui avait promis, dans un moment d’euphorie peu

vertueux au plan écologique, que, quoi qu’il en coûte en CO2, ils célèbreraient

ensemble cette soirée historique par une nuit de folie. Face à son hésitation, elle lui

avait juré que pour compenser l‘empreinte carbone de son trajet en jet privé, elle

ferait planter quelques milliers d’arbres là où on venait de les couper. Elle insistait,

car elle savait qu’il est rare que 2 stars atteignent en même temps un double climax

professionnel. Et pourquoi pas ensuite se marier, de vivre heureux et d’avoir

beaucoup d’enfants, se dirent-ils en rigolant.


Prévoyante, elle décida d’investir dans son carrosse, un Dassault Falcon 900, le

seul jet privé qu’il lui reste. Pourquoi ne pas renouveler, avant la date limite les

pneumatiques Michelin de son jet préféré. De source autorisée, elle aurait appelé

Clermont-Ferrand et demanda à parler au Président. Et voilà le dialogue que l’on

peut imaginer :


— Bonjour Monsieur, ici Taylor Swift, je vais devenir Billionaire, et je voudrais en

profiter pour changer les pneus de mon Falcon 900 avant la date recommandée.

J’aime pouvoir décoller dans les airs quand cela me plait pour retrouver mon petit

ami.

— Mme Swift, enchanté, sous sommes si heureux de vous compter parmi nos

clientes VIP et merci de réaliser autant de décollages et d’atterrissages avec nos

pneus Michelin. Avant d’honorer votre demande, je dois vous indiquer que nos tarifs

vont augmenter.

— Why ? Je suis une cliente fidèle, je ne voyage plus qu’en jet équipé de pneus

Michelin, vous n’allez tout de même pas les augmenter de 25% comme ceux des

parfums français, c’est devenu indécent cette greedflation dans le luxe.

— Justement c’est pour financer l’augmentation prochaine de 5% de nos salariés

qui ne sont pas payés décemment. On a hésité, mais on ne peut pas se permettre de

baisser nos profits, on préfère augmenter nos prix. Par ailleurs, vous n’auriez pas

abusé sur les prix de votre côté ? Notre direction des risques de réputation nous a

alertés que vous alliez peut-être réaliser des superprofits.

— Justement non et je trouve indécent que mes places vendues à 99 euros soient

revendues dix fois plus par des profiteurs de concert. Peut-être aurais-je dû les

mettre aux prix indécents de vos JO  ! 

— Non, non, non attendez je coupe l’enregistrement automatique de notre

échange mis en place par la compliance… Vous savez, au fond on s’en fiche un peu

des super profits. Nous, ce qu’on aime, c’est la décence des décisions quotidiennes.

La décence c’est un peu notre code de bonne conduite implicite, notre SURMOI

humaniste qui résiste à notre ÇA capitaliste. La décence, c’est de la délicatesse, de

la politesse, un signe d’humanité quand vous n’y êtes pas obligé. Alors, merci Taylor,

si je peux me permettre, de nous enchanter avec vos musiques et de choisir Michelin

pour vous permettre décoller dans les airs.

— Merci et rdv à Paris


Décemment vôtre

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