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Leadership, ou ce qui inspire Luca de Meo quand il ressuscite des modèles mythiques

La pérennité d’une entreprise dépend toujours de sa capacité à attirer clients, talents et financements. D’ailleurs, dans la vie comme dans l’industrie, il faut toujours faire envie, toujours faire partie de ceux qui sont «choisis».  C’est ce que disait ma grand-mère qui aimait la coquetterie : «Ludo, dans notre monde sans pitié, pour exister tu ne dois jamais cesser de séduire, sois séduisant sans être séducteur». Elle regrettait les marques qui perdaient de leur attractivité et finissaient en marqueurs du passé.


Heureusement, face à cette injonction de séduction, Dieu a prévu une solution : la résurrection.  Ressusciter les morts est une possibilité démontrée me disait-on au cathé. Mais personne ne sait concrètement comment faire revivre celui qui est décédé, mort, enterré.


Plus tard, je compris que des CEO comme Luca de Meo détenaient ce pouvoir suprême. Ils peuvent, d’un coup de baguette magique, ressusciter un modèle mythique au lieu de relifter la énième version d’un modèle historique devenu démodé. Quand Renault attira en 2020 Luca de Meo, le ressuscitateur transalpin de la Fiat 500, pour en faire son CEO, on s’interrogea sur sa motivation à venir chez Renault.  Voulait-il accomplir son rêve d’enfant alors qu’il était devenu grand, celui de ressusciter au 21ème siècle les modèles du passé ? 


Certainement, car on devine chez Luca di Meo un CEO sentimental. Il n’hésite pas à dire «ti amo» quand il déclare à Paris Match : «quand nos équipes font revivre une voiture qui a laissé de si bons souvenirs, elles y mettent beaucoup d’amour et le client le ressent». Son designer Gilles Vidal l’accompagne à son tour.  Ainsi, déclare-t-il dans la Tribune : «On ne veut pas être une norme qui semble exister un peu partout. Ceux qui vont survivre sont ceux qui affichent une âme. Or, Renault incarne cette culture et cette envie de créer de l’inédit et d’oser». 


Quand on vise le cœur des hommes, on trouve le mien. Effectivement, enfant j’avais de l’attachement pour la R5 (thermique). Elle était rassurante, car j’y dormais sur la banquette arrière sans ceinture de sécurité. Elle était exaltante quand elle m’emmenait en vacances sans clim au cœur de l’été 76. Elle était surprenante quand elle roulait avec célérité sur les routes enneigées avec ses pneus cloutés.  Une vraie voiture leader, dans tous les sens du terme.


Pour comprendre le secret de Leo, ce serial ressuscitateur, on peut chercher sur internet les secrets de son passé. On trouve que cet italien du nord a pour mère une femme du sud, que cet étudiant à la célèbre Bocconi y a écrit une thèse sur l’éthique et y a rencontré la femme de sa vie. Mais la seule chose qui explique sa foi en la résurrection, c’est qu’il a vécu une life changing experience dans son enfance. A 6 ans, il fit un tour en Lancia Fulvia au rallye de Bandama, piloté par Arnaldo Cavallari, un pilote professionnel italien.


Ce jour-là, sa vocation de travailler dans l’automobile se révéla. Dessiner des voitures et surtout les vendre. Toujours plus, toujours plus cher ! Peut-être que Dieu lui révéla, lors d’une accélération à lui couper le souffle, que la résurrection lui offrait la clé de cette ambition.


Quel choc émotionnel ! Car, en amour comme en affaire, ne rêve-t-on pas de ressusciter les succès passés, les amours enterrés ?  Imaginer que l'on puisse faire renaître de ses cendres, mais avec une nouvelle parure, ce qui est mort, disparu à jamais, n’est-il pas l’espoir suprême ? Ce désir de faire mentir la finitude est même consubstantiel à notre humanité.


Aujourd’hui, la new trend marketing de la résurrection est bien capable de faire des émules en matière de développement du leadership. Dans un monde des affaires que certains qualifient au choix, de «sans foi ni loi» ou de «sans queue ni tête», ressusciter des icônes du passé est sacrément inspirant. Chaque dirigeant peut y trouver l'opportunité de ressusciter un mentor, un cador, un ténor du passé. Lucas, avec son talent de ressusciter en série, nous enjoint d’explorer cette possibilité.


À nous de chercher quel inspirateur, professeur, auteur… devrait ressusciter pour nous inspirer.


J’ouvre le chemin en vous dévoilant les trois personnalités que je choisirais :  


  • Le professeur d’histoire Philippe Laduguie du Lycée Louis-le-Grand, un enseignant qui rendait l’histoire passionnante et qui me permettait de m’émanciper de la mienne.

  • L’auteur Jean Baudrillard, ce penseur iconoclaste, rencontré à l’IRIS de Marc Guillaume à l’université Paris Dauphine. Il prouvait qu’une pensée radicalement différente pouvait nous séduire et nous émerveiller.

  • Le Philosophe Vladimir Jankélévitch, « rencontré » sur France Culture qui y parlait d’amour, de courage et du pardon avec ses «presque rien» et ses « je ne sais quoi».  


Sentimentalement vôtre.



Crédit photo : © Renault - DPPI La Renault 5 "ressuscitée" par Luca de Meo

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